La Brigade blanche, a fait irruption dans notre maison par l’arrière. Ma mère préparait le repas, et nous étions là. […] Un de ces hommes nous surveillait, nous les cinq enfants. Notre mère a dû leur montrer toute la maison pour qu’ils regardent si notre père y était, mais il n’était pas là. […] La haine de ces hommes était telle qu’elle leur jaillissait des yeux !
Ces mots sont de Lutgart Wouters et relatent l’interrogatoire que subit sa mère tandis qu’on les surveille, elle et ses frères et sœurs terrifiés. Les résistants sont à la recherche de son père, Leo Wouters, un homme politique membre du VNV qui écopera après la guerre d’une peine de prison pour fait de collaboration. Par la suite, il siégera au Parlement sur les bancs de la VU puis rejoindra le Vlaams Nationale Partij et finalement le Vlaams Blok. Selon l’estimation la plus précise, 100 000 Belges auraient d’une manière ou d’une autre subi les conséquences directes de la répression. Si l’on tient compte de leurs enfants et en incorporant la deuxième génération, il n’est nullement exagéré d’avancer une fourchette de 300 000 à 400 000 Belges. Et ils sont probablement encore plus nombreux. Qu’ont-ils vécu ? Comment cette histoire s’imprime-t-elle dans leurs gènes ? En quoi le passé participe-t-il de l’ADN du présent ? Ces questions, et bien d’autres, font de ce livre un document aussi indispensable que révélateur.
Koen Aerts (1983) est docteur en histoire de l’université de Gand. Il a publié plusieurs contributions sur la collaboration et sa répression en Belgique. Il a récemment été rédacteur en chef de Papy était-¬il un nazi ? (Racine, 2017) et est à l’initiative du site de référence sur la Seconde Guerre mondiale réalisé pour les Archives de l’État (www.belgiumwwii.be). Il est aussi l’instigateur de la série documentaire consacrée aux enfants de la collaboration (2017).
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