Auteur : Bruno Colmant
Parution : 12/04/2022
Pages : 160
Format : 13 x 22 cm
En 1916, l'économiste belgo-allemand Silvio Gesell imagina une théorie monétaire extraordinaire : la monnaie fondante. Selon lui, il fallait donner une date de péremption à la monnaie pour forcer sa circulation, puisqu’un billet thésaurisé perdrait irrémédiablement et progressivement sa valeur. La monnaie thésaurisée devait « rouiller », comme si elle subissait un pourcentage d’usure. Il préconisait un estampillage d’un millième par semaine, correspondant à un taux d’intérêt négatif de 5,2 % par an. Ce prélèvement aurait favorisé la rotation de l’économie et la mise à l’emploi. Sa théorie ne fut jamais déployée à large échelle et pourtant elle interpella les plus éminents économistes du XXe siècle, dont John Maynard Keynes qui qualifia Silvio Gesell de « prophète étrange et illégitimement négligé » et ajouta que « l'avenir apprendrait plus de Gesell que de Karl Marx ». Irving Fisher, l’économiste américain majeur de l’entre-deux-guerres, avança que « le système de circulation monétaire proposé par Silvio Gesell libérerait le pays de la crise économique en deux ou trois semaines ».
Nous ne sommes plus très loin de la monnaie fondante puisque l’épargne européenne n’est plus rémunérée alors qu’elle est rongée par l’inflation qui approche ce seuil fatidique de… 5,2 %. Silvio Gesell avait prophétisé notre économie contemporaine. Son aboutissement serait révolutionnaire.
Auteur: Bruno Colmant - Membre de l’Académie royales des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Il est docteur en économie appliquée (ULB) et enseigne dans plusieurs universités belges.
Préfacié: Koen Geens - Docteur en Sciences juridiques (KU Leuven). Il est Député fédéral, ancien ministre des Finances, Vice Premier ministre et ministre de la Justice du Royaume de Belgique.